Projet « dignité » 2016/2017

Résidence « Nous vous parlons de dignité » 

Quartier Langlet Santy Lyon 8ème et Quartier du Vergoin lyon 9ème sept 2016 à juillet 2017 

« Parce que nous pensons que la prise de parole libère, qu’une parole partagée peut devenir une parole collective tout en gardant la singularité de chaque récit, parce que les histoires des uns résonnent dans l’histoire des autres : nous avons choisis de parler ensemble de la dignité. »

le thème 

Notre souhait a été de parvenir à une réflexion et une expression des habitants sur la dignité en proposant une démarche pluridisciplinaire et intergénérationnelle à partir de rencontres/ débats, et de pratiques artistiques…

 Les rencontres

Poésies musicales et spectacle des have not

« Je suis les étoiles qui piquent comme le cactus.                               Je suis l’herbe qui remue mes plumes vertes                                    Je ressemble à moi même et à tous les êtres que j’ai jamais été.        Je suis les ailes des saisons et le tintement de la terre.                           Je suis une demi-lune d’ambre, mon esprit l’ancêtre de la lumière.»   Anita Endrezze (poétesse amérindienne)

THÉÂTRE FORUM  Simulations d’entretien d’embauche

Comment répondre aux questions pièges ou interdites lors d’un entretien d’embauche ? Deux comédiens, une clochette, un maître de jeu et un public qui prend la parole, modifie la scène et raconte ces expériences…à mi chemin entre télé réalité et création théâtrale, ou quand le public devient metteur en scène…

 

 

 

 

 

ATELIER THÉÂTRE  autour des contes de Nasreddine Hodja Mars 2017

“Le partage”                                                                                                                         Un jour, la femme de Nasreddine dit à son mari :                                                                        – La vie dans le village est devenue intolérable : la moitié des gens est très riche,              pendant que l’autre moitié n’a pas de quoi manger. Si toi, qui es respecté de                  tous, tu arrivais à les convaincre de partager leurs richesses, alors, tout le                      monde pourrait vivre heureux.                                                                                         – Tu as absolument raison, femme, j’y vais de ce pas.                                                Le Hodja quitta sa maison et ne revint que le soir, complètement épuisé.                                  – Alors ? l’interrogea sa femme.                                                                                          – Alors, j’ai réussi à convaincre les pauvres !

 

RENCONTRE « DIGNITÉ ET ARTS MARTIAUX » Mai 2017 à la  MJC ST RAMBERT

La dignité est un mot qui a des multiples interprétations : respect de soi, des autres, humilité, sagesse, contrôle de soi et conscience… les arts martiaux peuvent-ils nous aider au quotidien ? Comment réagir physiquement et psychiquement à une attaque ou une humiliation ? Doit-on esquiver ? Résister ? Attaquer ?

Ce qui distingue donc le rebelle du guerrier, c’est que le guerrier sait que le problème n’est pas de renverser les termes d’une domination mais de faire en sorte que toute domination soit désormais impossible et ne trouve plus d’oxygène. »

Patrick Chamoiseau

 « L’humour, arme du sage »

Un petit homme, qui n’était plus très jeune, entra un soir dans un restaurant de l’un des quartiers les plus mal fréquentés de Naha, la capitale d’Okinawa. A peine avait-il franchi la porte qu’il eut juste le temps de contracter ses muscles dorsaux avant de recevoir un coup de poing par derrière. Le petit homme attrapa aussitôt la main de l’assaillant. La tordant fermement, il traîna tranquillement son agresseur à travers le restaurant, sans même lui jeter un coup d’oeil, puis il commanda de la nourriture et du saké. Après avoir bu quelques gorgées avec sa main libre, il tira devant lui son assaillant pour le voir. L’ayant fixé d’un regard neutre, il finit par lui déclarer : « je ne sais vraiment pas pourquoi vous m’en voulez jeune homme, mais que diriez-vous de prendre un verre avec moi ? » Ce petit homme, qui s’appelait Itosu, était l’un des plus fameux Maîtres de Karaté d’ Okinawa. Funakoshi Gischin étudia avec lui. Quelques années après cette mésaventure, Maître Itosu, alors qu’il marchait dans la rue en pleine nuit, reçut un terrible coup de poing dans le dos. Cette fois encore il avait eu le temps de contracter ses muscles et de saisir la main du coupable. Toujours sans se retourner, il traîna sur plusieurs mètres le voyou qui essayait vainement de se dégager. Visiblement inquiet, le jeune homme s’excusa avec zèle et supplia le maître de lui pardonner. Celui-ci se retourna alors, posa ses yeux sur lui et dit : « vraiment, vous n’êtes pas raisonnable. Vous ne devriez pas essayer de faire des tours de ce genre à un vieil homme comme moi. » Cela dit, il relâcha son jeune agresseur et continua paisiblement sa promenade nocturne.

Extrait de contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon

Le Systema apprend à rester digne même dans une situation conflictuelle, à trouver des solutions et ne pas rester dans la peur. Si on tombe sur quelqu’un de malveillant, on apprend à gérer la douleur d’un coup en respirant et en acceptant ce qui se passe. On doit être capable de gérer sa tension… travailler la dignité c’est recevoir le coup en sachant riposter, savoir se libérer de la prise, pour ne pas rester victime. Il y a des exercices pour travailler la peur, on fait monter la pression artérielle pour apprendre à maitriser ça en mouvement et ne pas rester figé… la première chose c’est de raffiner sa violence pour aller vers la paix. La paix pour la trouver tout de suite c’est difficile. On a tous des peurs et des violences. La violence est inhérente à l’être humain, mais on apprendre à la gérer. C’est effrayant d’être un être humain, mais ça peut être aussi magnifique. On a un côté animal qu’on doit plus ou moins accepter, dominer. La paix c’est d’équilibrer les forces.

En Kenjutsu (escrime japonaise) on apprend le respect de soi, mais aussi le respect de l’autre. On ne recherche absolument pas à détruire l’autre. L’ensemble des techniques sont là pour acquérir une sérénité dans le combat dans des situations à risque et stressantes. L’enjeu c’est de garder son intégrité, ne pas se blesser et, dans la mesure du possible, d’amener l’autre à renoncer au combat, à le calmer et annihiler toutes velléités qu’il pourrait avoir.

Dans la pratique du Tai Chi le but est de comprendre un mécanisme dans le corps physique et énergétique. En chinois, pour parler des arts martiaux, ils utilisent les signes «techniques» et «arrêter», ce qui veut dire que ce n’est pas un art pour écraser et dominer les autres, mais une technique pour arrêter le combat. En tai chi on reçoit, on écarte et on vide.

La Capoeira, comme d’autres pratiques des arts martiaux et des arts en général, est une pratique qui se transpose dans la vie, qui nous apprenne beaucoup sur nous-même. La Capoeira c’est un jeu de lutte : on cherche à surprendre l’adversaire, à lui montrer ses failles, à le piéger, mais avec respect. Quand deux personnes ont un niveau suffisamment bon ils acceptent l’attaque de l’autre sans avoir l’égo touché et sans entrer dans l’agressivité. Par rapport à la dignité, on peut se faire avoir, tomber, sans être touché dans son orgueil : accepter que l’autre nous ait eu tout en gardant à l’idée qu’on va l’avoir à notre tour dans le respect du rituel, de la musique et du rythme. Il y a une grosse part de gestion des émotions et d’apprentissage de soi : comment on réagit et comment l’autre réagit. On apprend petit à petit. Pour travailler sur la peur il y a l’apprentissage des chutes, apprendre à tomber et à se relever et accepter le contact. Quand on est dans un contexte de jeu agressif ce qui compte c’est reconnaitre ses limites et quand l’autre est plus fort et trop agressif on n’est pas obligé de continuer. On l’appelle gentiment avec le sourire, on salue et on sort parce que c’est la meilleur des réponses. (…)

Au fond c’est le chemin spirituel de tous êtres humains de tenter de se connaître soi, de trouver la paix, d’avoir du respect pour soi et pour les autres. Les arts martiaux en particulier et les arts en général amènent à s’améliorer. Chaque être humain expérimente à travers sa vie, à travers ce qu’il fait. (…)

La capoeira s’est développé après l’esclavage, c’était une recherche de liberté. La dignité c’est d’abord la liberté d’être soi.

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